Le secteur du bâtiment consomme
aujourd’hui 47% de l’énergie produite et est responsable de 25% des
émissions de gaz à effet de serre. Face aux changements climatiques qui en
découlent, il est aujourd’hui plus que nécessaire de réduire les
consommations d’énergie dans le bâtiment, tant au niveau du neuf que de
l’existant, et de substituer aux énergies fossiles des énergies
renouvelables. Pour cela, il faut moderniser les méthodes de conception et
de rénovation des habitats en intégrant une démarche de Haute Qualité
Environnementale. L’objectif à l’horizon 2050 est le bâtiment à énergie
positive, c'est-à-dire un bâtiment pouvant être capable de produire au moins
l’énergie dont il a besoin.
Un bâtiment peut déjà être un lieu de production
décentralisée utilisant des sources de type éolienne, solaire, géothermique,
etc. Pour favoriser leur implantation, de gros efforts sont concentrés sur
le développement de nouvelles technologies visant à améliorer le rendement
des sources existantes ou à en créer de nouvelles. On peut citer à titre
d’exemples les travaux menés au
CETHIL (Centre de Thermique de Lyon) et au
CSTB de Grenoble (Centre Scientifique et
Technique du Bâtiment) respectivement sur les sources, par le développement
de panneaux solaires hybrides, et sur l’enveloppe extérieure, par
utilisation de matériaux à changement de phases (thèses en cours). Ces
développements sont certes nécessaires, mais ils doivent être associés à des
études et expérimentations visant à optimiser la cohabitation de sources de
natures différentes pour profiter pleinement de leurs potentiels.
C'est-à-dire que leur exploitation doit se faire non seulement en fonction
des besoins mais aussi en fonction de la disponibilité de l’énergie.
L’utilisation de cette énergie doit donc se faire de manière plus
rationnelle pour ne pas conduire à une approche archaïque du dimensionnement
consistant à opter pour la surcapacité.
Bien entendu, cela suppose également une gestion des
consommations en fonction de moyens de production disponibles. Cependant la
consommation en énergie est fortement liée au mode de vie des habitants
dont, malheureusement, le comportement peut être en complet désaccord avec
une logique économique. La réduction des consommations passe donc par
l’information des populations et par le développement d’habitat «
intelligent ».
En effet, il n’est pas illusoire, compte tenu des avancées dans les domaines
du contrôle commande et de l’intelligence artificielle, d’imaginer un
système autonome capable de gérer les consommations d’un habitat en fonction
de stratégies et de priorités définies par défaut (utilisation de décalage
de services), et adaptables en fonction des utilisateurs. Il devra être
également capable de gérer la production et répondre, autant que possible, à
des pics ponctuels de consommation (accumulation-restitution). Cela suppose
alors dans les habitats, une utilisation accrue de la domotique qui peut
être vu comme un moyen de pilotage réparti visant à maîtriser différentes
variables d’environnement et de service. La réalisation de cette «
intelligence » nécessitera de formaliser un mécanisme de coopération entre
les sources et les charges domestiques, coopération nécessaire dans le cas
d’une production locale dont la capacité est limitée et variable dans le
temps. Enfin, Il sera nécessaire d’opter pour une interface homme-machine
suffisamment simple et conviviale pour que la complexité réelle du système
reste masquée et ne représente pas un frein à son développement.
Nous sommes encore loin de cet habitat « intelligent », mais il est
important de poser dès aujourd’hui les premières pierres pour satisfaire au
plus tôt les impératifs environnementaux. Ce chantier doit débuter par un
contrôle le plus efficace possible de la production en fonction des besoins
et de la disponibilité des énergies.
En 2004, le
CEGELY a débuté des travaux sur la modélisation des flux
énergétiques dans un habitat. Un premier modèle numérique de consommation
électrique a été réalisé. En collaboration avec le CETHIL, l’aspect
thermique est en cours d’intégration pour obtenir un modèle complet des flux
énergétiques, c'est-à-dire un outil de simulation complètement paramétrable
(situation géographique, type et surface de l’habitation, nombre et
habitudes des occupants, niveau de vie, appareillages…). En mars 2005 une
rencontre baptisée « Journée Maison Autonome » a été organisé au CEGELY à
laquelle ont participé le CETHIL et le CSTB. A l’issu de cette rencontre, le
CEGELY s’est vu conforté dans son approche de gestion globale des énergies
dans l’habitat, approche totalement partagée par
EdF et par le
LEG, fort de son expérience sur les réseaux
multi-sources.
Compte tenu du nombre de problèmes ouverts, l’étendue du champ physique et
l’ambition affichée par ce projet, il est nécessaire de faire coopérer les
différents secteurs connexes à cette problématique des énergies
renouvelables autour du bâtiment. Cela va du bâti et des modèles inhérents
(CSTB, CETHIL, LOCIE),
à l’énergie électrique, sa génération, son usage et sa gestion (LEG,
CEGELY), à la conduite de procédés, l’approche multi agents,
l’ordonnancement (LAG,
LEIBNIZ), au solaire
thermique et photovoltaïque, technologie et intégration (CEA, CETHIL et LOCIE), à
la géothermie de surface (LOCIE) et aux aspects échanges thermiques (CIAT).
Mots clés : Energie renouvelable, Habitat Multi – Source, Commande,
Modélisation, Optimisation, Intelligence Artificielle, Systèmes multi-agents